Je ne commencerai pas cette lettre en disant que tu me manques. La vie parfois prend des tournures que nul ne comprend ou ne desire comprendre. Je suis presentment dans un pays qui n'arrete pas de me pousser au-dela de toute raison. Je n'arrive meme pas a retrouver mes accents, ce clavier ne parle qu'anglais et je deteste cette langue. Je ne sais plus pourquoi je continue a t'ecrire de cette facon. Tu representes tout ce que j'ai envie d'oublier. Tu m'embetes, tu me pousses au bout afin de tout avouer. V. est incontrolable, je n'arrive plus a supporter ses caprices. JE pense a toi avec tendresse et en meme temps avec une rage enorme. Je me sens trahie pourtant tu n'as rien fait pourque je puisse te detester. Le vieil homme au bord de la mer a compris ce que je refuse d'admettre. Il m'a pris dans ses bras. Son corps puait le poisson et l'alcool,
mais je ne voulais pas m'en separer.
Elles etaient trois ce jour la. Je me rapelle tres bien. Elles etaient venues raconter a ma mere le mal qui etait arrive, pas longtemps dans la cour d'ecole. J'ai ferme fort les oreilles, pour ne pas entendre leurs incantations. Je ne pouvais pas supporter tout ca. J'ai deteste ce jour-la la douce voix de celle qui m'avait mise au monde. Mon corps ne se relachait plus a ce moment. Il se transformait petit a petit a quelquechose d'interdit, d'insuportable. Il se refermait avec leurs paroles comme une boite de conserve rouillee. Et plus rien n'est reste pareil. Plus rien sentait le familier, le chez-soi. Des ce jour j'ai commence a detester ma mere; ses dents jaunies me donnaient la nausee, je ne pouvais plus supporter son regard, sa chaleur, ses gestes. Les trois femmes sont parties pour ruiner la vie d'un autre. Et moi, orpheline, j'ai pris la route de la depravation. J'ai vagabonde un peu. J'ai laisse mon corps se vendre au moins payant, au pire offrant. Entre l'odeur de la pisse et du sperme, je ne voyais plus clair, je ne sentais plus rien.
Les livres sont entasses quelque part dans un coin de cette chambre delabree. V est partie ce matin, elle ne reviendra pas. Son savon est toujours la dans la salle de bain sur le lavabo; un petit morceau de savon a l'huile d'olive que ma grand-mere utilisait pour laver ses parties intimes et son linge. JE n'aime pas cet abandon interrompu. Ce savon, elle aurait pu l'emporter quand meme ou le jeter.
JE devrais couper mes cheveux.
demain
j'irai couper mes cheveux tres court comme un garcon. JE me raserai aussi comme une fille. Je mettrai une chemise sans forme comme personne. Et je posterai cette lettre avec l'espoir de recevoir quelquechose que je ne sais si je veux, dont j'ai surement peur et avec laquelle je ne suis pas prete a vivre.
si je dis que je t'aime ce serait injuste. Ce que je ressens envers toi ne me laissera jamais retrouver la paix. JE deviens folle rien qu'a penser que tout peut un jour s'arreter. Ca me ronge jusqu'au fond de mes entrailles. Ca me brule. Pourtant je sais que tu es la bien loin pourtant si proche. JE dechire cette derniere page, elle ne vaut pas la peine de s'y consacrer. JE me moque de ces couples banales sans histoires. JE deteste les romances a cinq sous. J'enfonce mes ongles dans la chair entre mes jambes et je tombe presqu'inconsciente sur le bord du lit, haletante.
JE n'ai pas trouve mes accents ni mes circonflexes. Je panique. Ce clavier m'enrage. Je ferme tout.
B.
mais je ne voulais pas m'en separer.
Elles etaient trois ce jour la. Je me rapelle tres bien. Elles etaient venues raconter a ma mere le mal qui etait arrive, pas longtemps dans la cour d'ecole. J'ai ferme fort les oreilles, pour ne pas entendre leurs incantations. Je ne pouvais pas supporter tout ca. J'ai deteste ce jour-la la douce voix de celle qui m'avait mise au monde. Mon corps ne se relachait plus a ce moment. Il se transformait petit a petit a quelquechose d'interdit, d'insuportable. Il se refermait avec leurs paroles comme une boite de conserve rouillee. Et plus rien n'est reste pareil. Plus rien sentait le familier, le chez-soi. Des ce jour j'ai commence a detester ma mere; ses dents jaunies me donnaient la nausee, je ne pouvais plus supporter son regard, sa chaleur, ses gestes. Les trois femmes sont parties pour ruiner la vie d'un autre. Et moi, orpheline, j'ai pris la route de la depravation. J'ai vagabonde un peu. J'ai laisse mon corps se vendre au moins payant, au pire offrant. Entre l'odeur de la pisse et du sperme, je ne voyais plus clair, je ne sentais plus rien.
Les livres sont entasses quelque part dans un coin de cette chambre delabree. V est partie ce matin, elle ne reviendra pas. Son savon est toujours la dans la salle de bain sur le lavabo; un petit morceau de savon a l'huile d'olive que ma grand-mere utilisait pour laver ses parties intimes et son linge. JE n'aime pas cet abandon interrompu. Ce savon, elle aurait pu l'emporter quand meme ou le jeter.
JE devrais couper mes cheveux.
demain
j'irai couper mes cheveux tres court comme un garcon. JE me raserai aussi comme une fille. Je mettrai une chemise sans forme comme personne. Et je posterai cette lettre avec l'espoir de recevoir quelquechose que je ne sais si je veux, dont j'ai surement peur et avec laquelle je ne suis pas prete a vivre.
si je dis que je t'aime ce serait injuste. Ce que je ressens envers toi ne me laissera jamais retrouver la paix. JE deviens folle rien qu'a penser que tout peut un jour s'arreter. Ca me ronge jusqu'au fond de mes entrailles. Ca me brule. Pourtant je sais que tu es la bien loin pourtant si proche. JE dechire cette derniere page, elle ne vaut pas la peine de s'y consacrer. JE me moque de ces couples banales sans histoires. JE deteste les romances a cinq sous. J'enfonce mes ongles dans la chair entre mes jambes et je tombe presqu'inconsciente sur le bord du lit, haletante.
JE n'ai pas trouve mes accents ni mes circonflexes. Je panique. Ce clavier m'enrage. Je ferme tout.
B.
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